Thursday, November 20, 2008

Ti-Joe (parodie de conte traditionnel)

Ti-Joe de la Pompadour y restait dans le rang des corneilles à Sainte-Marguerite-des-Grandes-Dents. Toujours est-il qu’un bon matin, au lieu d’entendre le coq chanter, Ti-Joe s’est fait réveiller en sursaut par le silence. Mais pas n’importe quel silence. Un silence de MORT. Fait que là Ti-Joe s’est mis à regarder autour de lui dans chambre, pour voir qu’est-ce qui pouvait ben faire autant de silence. D’un coup, y relève ses couvartes pis y l’a ben vu, son coq était mort!

Là Ti-Joe s’est dit « mon coq est mort pendant la nuitte, y’a pas pu me réveiller à matin pour que j'aille traire ma vache, c'te pauvre tite bête, a va exploser… » Ben juste au moment où y disait ça, y’a entendu « POW! » Fait qu’y s'est garroché vers la fenêtre, y'a regardé dehors… y’avait comme une pluie blanche qui tombait. Ti-Joe s’est levé la tête vers le ciel pis y’a dit « Mon Dieu, excusez-moi de vous déranger dans un moment aussi intime » Non mais, quand y’a vu que la pluie blanche venait du ciel, y savait pas trop ce que c’était. Surtout qu’y en avait reçu une goutte dans l’œil pis que ça chauffait. Y s’est dit « Dieu est partout, j’y ai peut-être touché sans m’en rendre compte… »

Fait qu’y dit « mon Dieu, qu’est-ce que je vas faire avec la dépouille de mon coq? » Le bon Dieu a dit « ben, amène-le au coq-mort! » Ti-Joe a dit « excellent jeu de mots, on doit être dans un conte traditionnel. » Fait qu’y s’est reviré vers le litte, y’é venu pour prendre le coq, mais c’était un coq noir qu'y avait, t’sé sont plus gros ceux-là. Big black cock, euh, rooster. Entéka. Juste quand qu’y venait pour le prendre y’entend « Ti-Joe! Ti-Joe! » Y s’est dit « le silence m’appelle? »

Y s’est garroché vers la fenêtre, pis y’a regardé en-bas. C’était le facteur. Fait que Ti-Joe est allé chercher son fusil. Non mais, y restait ben loin t’sé, y voyait pas le facteur souvent. Y’enligne le facteur ben comme faut entre les deux yeux. Le facteur dit « y’a des bruits qui courent au village ». Ti-Joe y dit « Y’a tu des bruits de coq là-dedans? J’en aurais besoin d’un... » Le facteur a dit « je le sais pas mais j’ai une lettre pour vous ». Ti-Joe dit « c’est quoi? » Le facteur a dit « c’est un W ». Ti-Joe y dit « un W? j’ai pas besoin de ça. je parle même pas anglais ».

Le facteur a dit « très bien, mais si vous le prenez maintenant, je vous le fais à moitié prix ». Là Ti-Joe y’a dit « oooo! ». Ben y voulait dire « wow! » mais y’avait pas encore de « W ». Pis le facteur a dit « en plus, si vous l’acheter, je vas vous donner en prime une brosse à dents pour vos poules. » Là Ti-Joe a dit « ce sera pas nécessaire, c’est des poules pas-de-dents que j’ai ». Le facteur a dit « ah oui, regardez donc derrière vous. » Ti-Joe se revire de bord, y voyait juste le calendrier su’l mur. Y regarde, c’était la semaine des quatre jeudis!

Là y se revire vers le facteur, le facteur avait disparu. Y s’était transformé en une fine brise qui avait déposé une enveloppe sur le seuil de la fenêtre à Ti-Joe. C’était comme un facteur vent. Ti-Joe a pris l’enveloppe, mais sur l’enveloppe, au lieu d’être écrit « pour Monsieur Ti-Joe » , c’était écrit en anglais « for Mister Small-Boobs ».

Mais comme Ti-Joe parlait pas un mot d’anglais, y s’est dit « fuck off » t’sé. Y’a pas checké ce qui avait dans l’enveloppe. Mais c’était dans le temps de la guerre! Pis ce qui avait dans l’enveloppe, c’était un avis de conscription. Y manquait de volontaires dans l’armée du Canada, fait qu’on forçait les jeunes hommes célibataires comme Ti-Joe à devenir des soldats. Pis la lettre c’était pour dire que quelqu’un viendrait le chercher le lendemain matin pour l’amener à la base militaire de Hamilton, en Ontario.

Mais le lendemain matin, Ti-Joe y dormait ben comme faut, y se doutait de rien. D’un coup y’entend « Ti-Joe, Ti-Joe ». Y s’est dit « c’est ben la première fois que mon coq m’appelle par mon nom… » Y’avait pas encore les idées claires. Y’entend « Ti-Joe, je suis venu vous chercher, dépêchez-vous! » Fait qu’y s’est garroché vers la fenêtre, pis y’a regardé en-bas. C’était un vieux vieux monsieur. Fait que Ti-Joe est allé chercher son fusil.

Y’enligne le vieux monsieur ben comme faut entre les deux yeux. Y dit « vous êtes qui vous? ». Le monsieur y dit « je suis le caporal Lamarre » Ti-Joe y dit « vous êtes Lamarre et vous êtes venu me chercher? » Le caporal y dit « c’est ça, pour le grand voyage » Ti-Joe y dit « on s’en va où? » Le caporal y dit « ben, en Ontario » Ti-Joe y dit « en Ontario? J’ai tu mené une si mauvaise vie que ça? »

C’est la première fois que Ti-Joe se retrouvait face à Lamarre. Y s’est dit que son tour était venu, que chacun devait y passer un jour ou l’autre, fait qu’y est descendu en bas pis y’é sorti dehors. Quand Lamarre a vu Ti-Joe arriver dehors, y’a dit « on est pressés, mais pas tant que ça, prend le temps de mettre du linge! » Fait que Ti-Joe s’est mis du linge pis y s’est laissé emporter par Lamarre.

Là rendu en Ontario, y’a passé une couple de mois à se pratiquer pour la guerre. Mais c’était surtout pour apprendre l’anglais. Parce que le maniement d’armes, Ti-Joe connaissait ça. Mais un coup qu’y était prêt, a fallu qu’y parte pour l’Europe, - parce que quand y’a une guerre, c’est jamais de ce bord-citte -, mais son séjour a pas été long. À sa deuxième journée au front, Ti-Joe s’est fait tirer une balle. Où ça? Au front.

Mais je sais pas si vous avez déjà entendu dire qu’on utilise juste 10% de notre cerveau? Ben la balle s’est logée dans le 90% qui sert à rien, fait que Ti-Joe est pas mort. Mais vu qu’y était blessé, ils l’ont ramené en Ontario, pour qu’y puisse se reposer à l’hôpital militaire.

Un bon matin, Ti-Joe se reposait dans son petit lit militaire quand tout d’un coup y’entend « Ti-Joe, Ti-Joe ». Y se revire de bord. Dans le lit à côté de lui, c’était le facteur. Là Ti-Joe a dit au facteur « c’est de ta faute si y’a une guerre! » Y’avait entendu dire qu’une guerre ça partait toujours de plusieurs facteurs.

Fait que là Ti-Joe a essayé de sauter sur le lit du facteur, mais y s’est enfargé dins draps pis y’é tombé la tête la première à terre. Le facteur est parti à rire pis y’était pu capable d’arrêter. Mais Ti-Joe lui, y riait pas. Parce que quand sa tête a frappé le sol, la balle qu'y avait dans tête a traversé du 90% qui sert à rien au 10% qui fait que t’es en vie. Fait que Ti-Joe est mort.

Quand y s’est réveillé… y’était au Ciel. Saint-Pierre lui a dit « Ti-Joe, t’as mené une bonne vie, t’es allé défendre la liberté et la démocratie au risque de mourir… je vais rendre ton admission au Paradis très facile: Récite-moi l’alphabet et tu seras admis au royaume des cieux. »

Là Ti-Joe regrettait de pas avoir acheté le W du facteur. Y s’est mis à réciter l’alphabet, tout en réfléchissant à un moyen de s’en sortir. « A-B-C-D-E-F-G-H-I-J-K-L-M-N-O-P-Q-R-S-T-U-V… » PAF!@! Y sacre un coup de poing entre les deux yeux à St-Pierre. St-Pierre est tombé knock-out total. Fait que Ti-Joe en a profité pour se sauver vers les portes du Paradis. Mais ce qu’y avait pas pensé c’est qu’à l’entrée du Paradis, y’avait des bonnes sœurs. Des religieuses. Les bonnes sœurs lui ont bloqué le chemin pis y’a entendu « Ti-Joe! » Y s’est dit « c’est quoi donc cette voix-là, ça me dit quelque chose? Ah oui, c’est le Bon Dieu! »

Le Bon Dieu a dit « Ti-Joe! Saint-Pierre est sur la liste des blessés, c’est pour ça que je t’ai fait monter de Hamilton. Va prendre sa place. » Fait que Ti-Joe est retourné vers Saint-Pïerre. Y’a déshabillé Pierre pour habiller… Ti-Joe. Pis y’a attendu son premier client. Y’avait hâte de voir qu’est-ce qu’y pognerait, parce que la façon que ça marche au Paradis, je sais pas si y'en a dans vous autres qui sont déjà allés, c’est que tout le monde à un co-chambreur. Et ça va par ordre d’arrivée au Ciel. Fait que Ti-Joe y savait que peu importe qui allait être admis le prochain au Paradis, ça allait être son co-chambreur pour l’Éternité.

Fait que Ti-Joe s’est mis à s’imaginer des femmes là t’sé. Belles, jeunes, avec plein... d’affaires, là. Mais c’est rare que des femmes meurent jeunes parce qu’y vont pas à guerre eux autres. Tout d’un coup, Ti-Joe entend une petite cloche, ça voulait dire que quelqu’un venait de mourir. Y voit quelqu’un approcher, à travers les nuages… c’était le facteur! Y’était finalement mort de rire après avoir vu Ti-Joe tomber su’a tête.

Là Ti-Joe s’est dit « faut pas que je le laisse rentrer, sinon je vas passer l’Éternité avec lui ». Fait qu’y a demandé au facteur « Y’é tu trop tard pour acheter ton W? » Le facteur a dit « je suis mort, j’en aurai pu besoin, tu peux même l’avoir gratis. » Fait qu’y donne le W à Ti-Joe. La Ti-Joe était rendu Wise. Y’a pris le W pis y l’a pitché en-bas. Là y’a dit « facteur, t’as mené une bonne vie, tu t’es levé de bonne heure à tous les matins pour aller porter ton courrier, même dans les pires intempéries… je vais rendre ton admission au Paradis très facile… »

Juste au moment où il disait ça, la cloche a sonné encore. Quelqu’un venait de mourir. Ti-Joe regarde qui s’en venait, y’en croyait pas ses yeux. La plus belle femme qu’y avait jamais vue! Y’a demandé « qu’est-ce qu’une jeune femme comme vous fait au Ciel? » A dit "____".

Ti-Joe dit « Hein!? A parle pas?! Mais c’est vraiment une femme parfaite! » Y s’est dit « a dû traverser la rue pis a pas entendu le camion qui s’en venait » Le facteur, qui comprenait les signes, y dit « c’est pas ça, a dit qu’a se promenait dans rue pis qu’a reçu un W su’a tête! »

Ti-Joe s’est dit « c’est parfait, je m’arrange pour que le facteur soit pas admis, après ça je laisse rentrer la belle fille et je vais passer l’Éternité avec elle. Fait qu’y a dit « facteur, je vais rendre ton admission au Paradis très facile : Épelle-moi le mot « guerre » en anglais. » Là le facteur y savait que « guerre » en anglais c’était « war », mais qu’y pourrait pas l’épeler sans son W. Fait qu’y a dit « c’est facile… dji-youi-arr-arri. Je viens de t’épeler « guerre » en anglais! »

La ruse du facteur lui a permis d’entrer au Paradis. Et c’est comme ça que Ti-Joe et le facteur se sont ramassés co-chambreurs pour l’Éternité, ce qui, ils l’ont vite compris, était en fait l’Enfer.

S'cusez la!

Tuesday, November 11, 2008

Le Jour de l'Amnésie?

En raison d'une promotion quelconque, je reçois depuis hier, dans ma boîte aux lettres, le Journal de Montréal. Premier constat: y'a plus de fautes d'orthographe là-dedans que dans L'Itinéraire. Et, en plus d'oublier les règles de la langue française, les journalistes oublient des faits, ou sont trop paresseux pour faire des recherches.

J'ai échappé le journal par terre, ce matin, en lisant ceci (en rapport avec le nouvel album de Charles Aznavour, Duos, où certains artistes internationaux chantent dans la langue de Molière):

"Elton John, dont nous n'avons aucun souvenir d'une composition enregistrée en français...".

Ça aurait pu me donner un coup de vieux, sauf que l'auteur de ces lignes est visiblement plus âgé que moi. Un journaliste d'arts et spectacles qui ne se souvient pas qu'Elton John a connu un grand succès, au début des années 80, avec la chanson "J'veux de la Tendresse"? D'accord, mais il suffit de 5 secondes sur Youtube pour trouver des vidéo-clips d'Elton John, en studio avec France Gall, où le duo enregistre, en français, "Les Aveux" ou le hit "Donner Pour Donner".

De quoi aura l'air le Journal de Montréal dans 20 ans?

"Spo full hot, mé y'a un vieu Francè ki sor 1 nouvo CD. On sé po tro cé koi sont non pi sa nou tante po d'checké".

Sunday, November 9, 2008

Blague de mauvais goût?

Quand les gens me demandent pourquoi j'ai autant de mépris face à l'Allemagne nazie, je réponds ceci : C'est simple. Il y avait 12 millions de Juifs en Europe avant la Deuxième Guerre Mondiale. Les Nazis en ont tué 6 millions. J'ai jamais aimé ça le monde qui font les choses à moitié.

Sunday, November 2, 2008

Heure Volée

Moi, je reste proche d'un bar, c'est pratique. Y aller, à pieds, ça me prend 15 minutes. M’en retourner chez nous après, ça me prend une demi-heure. Un samedi soir, au printemps, je suis allé à ce bar-là. Je rentre chez nous à 2h du matin. Je regarde l’heure, y’était 3 heures. Je m’étais fait voler une heure!

Là je me suis dit « pas de panique, tu vas la retrouver ». Fait que je suis retourné sur mes pas pour voir si je l’avais pas perdue en cours de route. Mais en même temps, je me suis dit que le temps, c’est tellement précieux, si quelqu’un trouve une heure, c’est sûr qu’il va la garder. Il peut toujours la revendre, le temps c’est de l’argent.

Le pire c’est que je voulais prendre cette heure-là pour faire du bénévolat, aller donner du sang… Eille, j’ai perdu une heure de ma vie! C’est comme si j’avais écouté La fosse aux lionnes.

Pendant que je refaisais mon chemin de chez nous au bar, mon cellulaire sonne. Je réponds. C’était l’union des producteurs agricoles. Y’ont dit « on a kidnappé votre heure, inquiétez-vous pas, on lui veut pas de mal, on en a juste besoin pour l’été, vous allez la récupérer cet automne ».

Là, je me suis dit « ça pas de bon sens, je peux pas passer tout l’été avec une heure en moins! » Fait que j’ai décidé d’en acheter une sur le marché noir. Je me promenais sur Ste-Catherine, je vois une femme dans rue, je lui dit « excusez, c’est parce que je cherche une heure pas chère ». La fille dit « une heure, tu trouveras pas ça en-bas de cent piasses ».

Cent piasses?! Ben trop cher. Je continue à me promener, je passe devant un garage, je demande au gars combien ça coûte une heure, il me dit « 32 piasses ». Je me suis dit « ça commence à avoir de l’allure » mais juste pour le fun je suis allé voir au Wal-Mart. Je demande au gars du Wal-Mart « combien ça vaut une heure? », y dit « 8,50$ ».

J’ai dit « y’a tu moyen d’en avoir des moins chères que ça ? » Le gars y dit « oui, on fait faire des heures aux Philippines, celles-là coûtent 15 cennes, c’est fait à main par des enfants. » Moi, j’aime bien me faire faire des choses à la main par des enfants, fait que j’en ai pris quatre. Faut dire que je venais de perdre trois heures à magasiner…

Pis là, qu’est-ce qui vient de m’arriver en fin de semaine? Les fermiers ont finalement respecté leur promesse, pis ils sont venus chez nous dans nuit de samedi à dimanche, me reporter l’heure qu’y m’avaient volé. Fait que là j’étais rendu avec une heure en trop. Je me suis dit « cette heure-là, gaspille-la pas, essaye d’en jouir le plus pleinement possible. »

Fait j’ai décidé de passer cette heure-là à écrire ce texte.