Ma phrase la plus prophétique de la décennie

C'est l'été 2001, mon deuxième voyage à New York en autant d'années. Je suis sur le ferry qui nous ramène de Staten Island à Manhattan. Pour la toute première fois de ma vie, je vois apparaître graduellement devant mes yeux ce qui était sans doute le plus impressionnant panorama urbain au monde; le centre-ville de New York, dominé par les tours jumelles du World Trade Center. Aucun endroit n'offrait une meilleure vue sur ce spectacle que le traversier sur lequel j'étais.

Je m'empresse alors de sortir mon appareil photo pour immortaliser le moment, mais il ne fonctionne pas, ses piles sont mortes. Je ne m'en fais pas pour autant et je lance la phrase suivante, à propos des deux tours : "Bof, je les prendrai en photo la prochaine fois, elle vont être encore là."

Mes meilleurs achats de l'année

1. Mon chat.

Je n'avais jamais possédé d'animal. Je sentais que j'allais sombrer dans une dépression, alors j'ai décidé d'essayer la zoothérapie. À date, ça semble fonctionner. J'avoue que le fait que je devrai m'occuper de mon petit Jofride pendant 15 ou 20 ans ne m'a pas traversé l'esprit, quand je l'ai adopté.

Je ne peux rien laisser traîner, de peur que mon chat le mange, le brise ou qu'il se fasse mal, alors ça me force à garder mon appartement en ordre. Ça me fait une bonne pratique pour quand j'aurai un enfant, ou ça remplacera l'enfant que je n'aurai jamais.

Des fois, je me demande ce que je faisais avant d'avoir un chat. Ah oui, je dormais! C'est à la fois mon meilleur et mon pire achat cette année, en raison de mon sommeil très léger. Mon chat est tranquille toute la journée et dès que je me couche, pour lui c'est le signal pour commencer à faire du grabuge.


2. Mon inscription au Marathon de Montréal.

Je n'avais jamais fait d'exercice de ma vie, avant cette année. Une fois inscrit, j'avais un but précis à atteindre. C'est la motivation qu'il me fallait. Je préfère la marche à la course, alors j'ai dû me contenter du demi-marathon, la plus longue distance ouverte aux marcheurs. J'ai découvert en retard qu'à Québec, il y a un marathon complet juste pour les marcheurs, alors j'ai déjà ma motivation pour l'année à venir.

Avant, je restais enfermé chez moi tout l'hiver, en attendant que ça passe, mais maintenant je vais marcher au Parc Maisonneuve le plus souvent possible, et j'ai l'impression de marcher dans une carte postale. Je me sens comme un paraplégique qui aurait retrouvé l'usage de ses jambes et qui veut en profiter au maximum.


3. Mon lecteur MP3.

Je suis toujours plusieurs années en retard sur la technologie. Je n'ai toujours pas d'auto, de télé ou de cellulaire, et ma console de jeu la plus récente a été faite par SEGA. J'avais un walkman à cassette à l'époque du discman, je n'ai jamais eu de discman et j'ai eu mon premier lecteur MP3 cette année.

C'est l'outil indispensable pour accompagner mes marches. Avant de l'avoir, je restais pris avec la même chanson dans la tête, en boucle, pendant les 2, 3, ou 4 heures que duraient mes marches. Malheureusement, je ne choisissais pas cette chanson et je pouvais difficilement la changer. Et c'était plus souvent qu'autrement une ritournelle publicitaire. Alors, imaginez l'enfer quand j'avais la malchance de croiser un camion du Clan Panneton en début de parcours.

Avec mon lecteur MP3, c'est comme si la vie de tous les jours devenait un vidéoclip interactif. Avec une trame sonore, tout semble plus intense, plus important, plus émouvant. Déambuler à Montréal par une nuit d'automne, en écoutant du Billie Holiday, y'a pas grand chose qui accote ça. Surtout quand j'ai quelques verres dans le nez, et Billie aussi.

J'habite à côté du Parc Maisonneuve depuis bientôt trois ans, mais c'est seulement cet été que je l'ai découvert. Depuis, j'y vais pratiquement à chaque jour. Je regarde les animaux, les jeunes couples, les vieux couples, les enfants qui jouent, qui courent, qui rient et on dirait que je ne suis pas le seul à entendre ma musique, qu'ils sont autant d'acteurs engagés pour une gigantesque mise en scène.

Autre avantage à avoir un lecteur MP3 : ça me donne une raison d'ignorer les gens que je croise et qui veulent me demander quoi que ce soit. Moi qui vivait en grande partie dans ma tête, ça m'a permis d'éliminer le peu de contact qu'il me restait avec la réalité.


Ma résolution de 2009 était d'utiliser les mots "grabuge" et "ritournelle" dans le même billet. Défi relevé.

Records intouchables

J'ai énuméré ici mes records personnels des années 2000 qui devraient être battus dans les années 2010. Pour faire suite à l'immense intérêt suscité, en voici maintenant quelques-uns qui resteront probablement imbattus:

Déménagements: 4 (de Longueuil à Anjou à Longueuil à Montréal à mon logement actuel, aussi à Montréal)

Jobs normales: 4 (Rona, Ultramar, Maxi, Canadian Tire)

Accidents d'auto: 2 (2000 et 2001, j'ai moins d'accidents depuis que j'ai pu de char)

Années d'études: 1 (École Nationale de L'Humour, c'est pour me payer ça que j'ai vendu mon char)

Plus long sommeil ininterrompu: 17h (1er et 2 janvier 2000, à mon retour de Times Square)

Plus longue érection ininterrompue: 13 (en heures et non en pouces)

Ma nièce

Suite à un récent et beaucoup trop long séjour chez mes parents, à Québec, ceux-ci m'ont ramené à Montréal. La veille de ce voyage de retour, mes géniteurs ont participé au nouveau sport favori des Québécois: se faire vacciner pour rien. Et comme leur centre de vaccination inutile était situé dans un centre d'achats, ils en ont profité pour lècher quelques vitrines.

Le lendemain, avant qu'on ne retourne vers la civilisation, ils ont décidé de faire un détour pour retourner à ce centre commercial, question d'acheter un beau petit jouet qu'ils avaient remarqué la veille, pour leur petit-fils, mon neveu. Une fois dans le magasin, ils retrouvent le jouet et le prennent. Mais, alors qu'on se dirige vers la caisse, ils font une gaffe monumentale; ils me montrent la chose et disent "C'est beau, hein?". Ma réponse: "Oui, pour une fille."

Dans leur empressement, mes parents n'avaient pas remarqué qu'il s'agissait d'une poupée aux couleurs de l'arc-de-ciel, avec des lulus, et qu'il y avait une petite fille sur l'emballage, et aucun garçon. Comme ils semblaient indécis face à l'action à prendre, j'ai ajouté quelques répliques du genre "C'est pas grave, y deviendra coiffeur, c'est tout." Ils ont finalement décidé de ne pas l'acheter.

Mes parents ont donc fait ce détour pour rien et sont retournés avec moi à l'auto, déchirés sur ce qui venait de se passer. C'est alors que je me suis rappelé qu'enfant, mon jouet favori était une poupée pour garçon, dans le style de Chucky ou My Buddy. Devinez qui l'avait achetée...

Pour les rassurer sur leur capacité à choisir des jouets, je suis venu pour dire "Moi, j'ai bien grandi en jouant avec une poupée, pis je suis devenu normal", mais j'ai réalisé que cette affirmation n'était qu'à moitié vraie; j'ai grandi en jouant avec une poupée.


UPDATE: Mes parents sont finalement retournés à ce même magasin, par la suite, chercher le fameux jouet. Ma mère le trouvait trop cute et l'a acheté pour le garder.

La devise du schizoïde

"Plus ça va, plus je m'isole. Plus je m'isole, plus ça va."

Mes années 2000 VS Mes années 2010

Voici quelques records personnels de la décennie qui prend fin et que je risque de battre dans la prochaine, pour le meilleur ou pour le pire:

MA VIE (un long fleuve tranquille)

Nombre de conquêtes: 2

Relations amoureuses: 0

Enfants: 0

Animaux: 1

Décès dans ma famille élargie: 2 (je suis même pas sûr...)

Décès dans mes amis: 1

Séjours hors-Québec: 4 (New York X 2, Niagara Falls, Nouveau-Brunswick)

Plus long voyage: Montréal-New York (1060 km aller-retour)

L'ÉCRITURE, ce qui me fait vivre (sous le seuil de la pauvreté)

Années à vivre de mon métier: 2½ (5 avant ça à essayer)

Prix et récompenses du milieu: 0

Livres publiés: 0 (faudrait commencer par en écrire)

Années à bloguer: 3

SPORTS (les athlètes gagneraient à ce que je sois sur place plus souvent)

Matches de la LNH: 1 (l'année où le CH a terminé 1er)

Matches de la CFL: 1 (2009, année de la Coupe Grey)

Galas de boxe: 1 (Bute-Andrade II, victoire sans équivoque de Bute)

Marathons: ½

Chanson que vous n'entendrez pas à la télé

Pour le dernier projet auquel j'ai participé, j'ai assisté à 47 jours de tournage sur 48. Plus de 90 sketches en tout. Et le moment le plus jouissif pour moi a été de voir un acteur connu chanter une parodie de chanson que j'avais écrite.

Le sketch en question, qui a été retiré de la série, mettait en scène un champion dégustateur nommé Paolo Nachoalail, et dont une des techniques de vente consistait à chanter les mérites de son produit, accompagné de deux choristes professionnelles. Sur l'air de Ginette, de Beau Dommage:

Trempette, trempette
Trempette à l'ail, t'es idéale pour les nachos
T'as faite de moi une grande vedette
Tout l'monde te veut dans son assiette, trempette
J’ai l’goût de t’boire à même le pot

Face de bouc

Extrait d'un récent échange sur Facebook

Moi: Des fois, quand j'ai rien à faire, je fais des phrases-alphabet. Voici celle d'hier: "Adulons Barack, ce dictateur étatsunien, filou guerrier, hypocrite impérialiste, jadis Kényan, le messie nommé Obama, président qui rend servile toute une ville, Washington, xénophobe yankee zigouilleur." À votre tour, maintenant...

M-F: Ah, Boucher, cavalier de l'épellation fuckée, grand hooligan impénitent!

Moi: Judicieuse kyrielle lyrique, madame! Noblesse oblige...

Même une cousine anglophone a décidé de se prêter au jeu. L'effort est là, mais je ne suis pas sûr de comprendre...

J: okay...Au beau cousin Dany etait faites grimacer’l hypocrite. Immoral jeu... kmart l’aime mais ne opt pas qualifier. Regardez son talent! ......Bien apres ca, je suis stuck!

UPDATE: M-F récidive!

M-F: Alors Boucher, conteur doué, écoute fais gaffe hein? Importante journée-kaléidoscope! La meilleure nouvelle oeuvre paraîtra quand refoulera sur toi un vieux whiskey, xéres... yo... zut! ;o)

Un autre gag qui ne passera pas à la télé

Un nouveau papa donne, de force, plusieurs cuillerées de pablum à un de ses amis, en faisant des bruits d’avion, pour donner l'exemple à son bébé, qui refuse de manger. L'ami en question, qui ne trouve pas ça drôle du tout, met un terme à l'exercice en répliquant ceci:

"Ok c’est beau! J’ai mangé plus d’avions que le World Trade Center!"

Félix

Au moment de mon embauche, quand j'ai décroché un prestigieux poste de commis de nuit dans un dépanneur, il y a plusieurs années, la gérante m'a demandé qui elle devrait contacter quand j'allais me faire poignarder (elle ne l'a pas dit comme ça, mais c'est ça que ça voulait dire). J'ai répondu "Mon père, Félix". Étonnée, elle a répliqué "Félix!?! C'est un nom de jeune, me semble...". J'ai su plus tard qu'elle avait elle-même un jeune garçon qui s'appelait comme ça.

C'est sa fête, aujourd'hui, mon père. 62 ans. Et il s'appelle bel et bien Félix. C'est vrai que c'est peu commun pour un homme de son âge. Il doit souvent répéter son prénom, en ajoutant "... comme Félix Leclerc", sans quoi les gens assument qu'il s'appelle Philippe, un prénom plus approprié pour un sexagénaire. Le pire, c'est qu'il a été baptisé ainsi en l'honneur de son arrière-grand-père, qui portait ce "nom de jeune" à l'époque d'Abraham Lincoln.

Je pense que mon père est un homme heureux. D'ailleurs, Félix, c'est "heureux" en latin. Dany, par contre, est un diminutif de Daniel, qui veut dire "Jugement de Dieu" ou "Dieu est mon juge". Pas l'idéal pour un athée. Mais, au moins, je n'ai pas été nommé en l'honneur de mon arrière-grand-père, sinon ce blogue s'appellerait "L'autre Napoléon".

Pauvre comme (pas de) job

Depuis deux ans et demi, je gagne ma vie (très pauvrement) avec mes métiers d'auteur et de conteur. En ce moment, je suis entre deux contrats et, si l'attente perdure, je ne vois pas comment je pourrai payer le loyer des prochains mois.

C'est pourquoi, depuis peu, je songe à aller travailler dans un magasin pour quelque temps, question de me faire un petit revenu d'appoint. Mais, ce matin, je me suis rappelé que le Temps des Fêtes s'en vient et que, dans les magasins, dans le Temps des Fêtes, on joue de la musique de Noël sans arrêt.

Alors j'ai décidé de rester pauvre.

Gag qui ne passera pas à la télé (je sais ben pas pourquoi...)

- Je suis enceinte, mais j'ai pas les moyens de payer pour me faire avorter dans une clinique. J'aurais besoin de votre support.

- O.K., mais vous me le rapportez après, par exemple.

Les deux mains dans l'dos

Marcher, moi je fais ça les deux mains dans l'dos. Littéralement. J'ai jamais su pourquoi. L'habitude de porter des menottes, peut-être... En fait, je n'avais même jamais remarqué que je marchais avec mes mains dans le dos, tellement c'était un automatisme.

Ce sont les autres qui m'ont fait remarquer que c'était anormal, m'imitant en marchant eux aussi les mains dans le dos, pour se moquer de moi. C'en est même devenu un de mes "trademarks", au même titre que mon regard glacial et mon éternelle casquette.

Récemment, j'ai entendu mon père dire à ma mère, en parlant de moi : "As-tu vu? Y marche comme ton père." Je lui ai demandé ce qu'il voulait dire par là et il m'a répondu que mon grand-père maternel marchait toujours avec les mains dans le dos.

Ce qui est surprenant, c'est que je n'ai jamais connu cet homme. Il est mort plusieurs années avant ma naissance. La génétique peut-elle aller jusqu'à dicter la démarche d'un individu ou s'agit-il d'une simple coïncidence?

Chose certaine, je pense que j'aurais aimé connaître mon grand-père. Paraît que je lui ressemble beaucoup physiquement, - ce serait d'ailleurs de sa faute si je suis chauve aujourd'hui -, mais je soupçonne des similitudes encore plus étonnantes au niveau psychologique. Parce que mon cerveau est forcément le résultat d'une accumulation d'anomalies sur plusieurs générations.

Mon cerveau frappe à nouveau

J'ai rêvé à une chanson de Charles Aznavour. Rien de spécial, me direz-vous? Sauf que la chanson n'existe pas pour vrai (à ce que je sache, du moins, et j'ai cherché les paroles dans Google sans rien trouver).

Mon cerveau l'aurait donc inventée de toutes pièces, prenant soin d'imiter la voix et le style de Charles Aznavour. Il y avait un air, évidemment (dont je me souviens, mais qu'il est difficile de retranscrire ici) et les paroles allaient comme suit:

Le paradoxe reste entier
La vie si longue quand elle est vide
Devient si courte, quand on s'décide
Et qu'on commence à l'aimer

Pas mal, quand même. J'écris mieux dans mon sommeil que plusieurs personnes en pleine possession de leurs moyens. Reste que cette chanson me semble tellement vraie que j'ai du mal à m'en approprier la partenité.

Il y a un an, Jacob naissait

Oui, mon neveu a maintenant un an, et je ne l'ai toujours pas rencontré, même s'il habite sur la même île que moi (et la même ligne de métro, de surcroît). Par contre, j'ai vu des centaines de photos de lui, prises par mes parents.

En général, on ne se souvient pas des 4 premières années de notre vie alors, pour lui, ça va être comme si j'avais juste commencé à le négliger à partir de 2012. Le bon côté c'est que, si ses parents lui parlent de moi, il va apprendre les mots "ermite" et "schizoïde" avant tous ses amis.

Il y a un an, Nicolas mourait

Il s'est passé beaucoup de choses inattendues dans ma vie depuis un an :

- Nicolas, mon fan numéro un, est mort.

- J'ai lancé le blogue que vous êtes en train de lire

- Je suis devenu mononcle

- Je me suis fait refaire les dents

- Je me suis mis à l'exercice pour la première fois de ma vie (et inscrit au Marathon)

- J'ai participé à l'écriture de numéros pour le menu d'un DVD

- J'ai monté et fait un spectacle de contes en duo au Sergent Recruteur (juste avant que ça ferme)

- J'ai participé à l'écriture d'une nouvelle émission de télé et assisté à 43 des 44 jours de tournage (y'a toujours bien des limites, c'est loin Magog)

- J'ai fait partie d'un spectacle collectif à Radio-Canada (juste avant que ça ferme?), qui a été diffusé sur la Première Chaîne et qui sera publié en livre-CD l'an prochain

- J'ai adopté mon premier animal domestique

- J'ai écrit un texte qui a été publié à la une du cahier Rire de La Presse

Le temps passe vite. Le dernier concert que je suis allé voir, c'était au Spectrum avec Nicolas. Aujourd'hui, le Spectrum n'existe plus, et Nicolas non plus. Heureusement, j'ai une bonne mémoire, alors mes souvenirs de Nicolas ne mourront pas de sitôt.

La sécurité se cache pour mourir

Voici la version originale d'un article écrit par moi pour La Presse, avant qu'il soit amputé de certains passages:

Vous l’ignorez peut-être, mais votre sécurité est présentement en danger. Surtout si vous lisez ceci en conduisant votre auto. Ou en fumant une cigarette dans une usine de feux d’artifice. Ou si vous utilisez ce journal au lieu d’un parachute. Voici donc quelques conseils pratiques pour ceux qui souhaitent vivre longtemps. Pour les autres, il y a toujours l’Afghanistan. (Si vous êtes déjà mort, lisez quand même ce billet, vous y apprendrez peut-être la cause de votre décès.)

La mort, c’est une quadraplégique qui fait du porte à porte. On ne sait pas comment, mais elle finit toujours par frapper. Peu importe qui vous êtes, dites-vous que quelqu’un quelque part veut votre peau. Probablement un grand brûlé.

La sécurité, c’est comme un vieux pervers dans un wagon de métro : ça touche tout le monde. Alors, arrêtez de perdre votre temps à faire des activités inutiles, comme dormir et manger, et occupez-vous de votre sécurité. De toute façon, on ne sait jamais quand une sacoche va nous étrangler pendant notre sommeil ou quand une malchance – ou un bloc de béton – va nous tomber dessus, au beau milieu d’un repas.

Vous êtes en train de vous baigner quand il vous vient une envie folle de manger des roties? Utiliser un grille-pain dans votre piscine n’est pas une bonne idée : ça laisse des miettes de pain dans l’eau. Mais, si vous le faites quand même, vous allez être très vite débarrassé de votre faim. Et en plus, personne ne vous demandera de ramasser les miettes de pain.

Vous voulez visiter un pays étranger, mais vous redoutez d’y être la victime du trafic d’organes? Laissez vos organes à la maison. Prendre l’avion vous donne la frousse, car vous craignez d’être blessé dans un éventuel accident? Les statistiques devraient vous rassurer : la plupart des écrasements d’avion ne font aucun blessé. Juste des morts.

En matière de sécurité – comme dans l’industrie pornographique – ceux qui survivent le plus longtemps sont les mieux équipés. Si vous travaillez dans une tour à bureaux, il est important de toujours avoir un extincteur près de vous. Comme ça, si un incendie se déclare et que vos collègues se bousculent pour évacuer la tour, vous pourrez passer devant eux en les assommant avec l’extincteur.

En voiture, pour des raisons de sécurité, le cellulaire est maintenant interdit au volant. Procurez-vous un appareil mains-libres. Comme ça, vous aurez plus de facilité à tenir votre bière.

À la maison, verrouillez toujours vos portes, avant d’aller vous coucher. Et prenez soin de fermer la porte patio. Même si vous vivez au 17ième étage. Sinon, vous risquez d’apprendre de façon assez brutale que vous étiez somnambule.

Vous voulez retourner à l’école, mais vous avez peur qu’une fusillade y survienne? Prenez des cours par correspondance. Mais si vous recevez une lettre de votre école qui semble contenir des balles de fusil, ne l’ouvrez pas.

Si vous avez l’intention de sauter dans l’enclos des tigres, au Parc Safari, assurez-vous d’avoir une trompette dans la main. Ça ne fera pas fuir les tigres, mais ça va rendre votre mort beaucoup plus comique, ce qui augmentera votre popularité sur YouTube.

Et, finalement, voici un dernier conseil : ne jamais suivre un conseil de sécurité offert par des humoristes (à part celui-ci).

Jofride le chaton

Je connais ma co-animatrice à la radio depuis dix ans. Et depuis que je la connais, elle a toujours eu la même grosse chatte noire. Sa chatte était tellement vieille qu'elle s'appelait Maxou, du nom de cette chanson de Vanessa Paradis.

Or, la semaine dernière, quand je suis allé chez ma co-animatrice pour y enregistrer notre émission hebdomadaire, Maxou n'était pas là. Elle s'était sauvée par une porte ou une fenêtre laissée ouverte par inadvertance, cinq jours plus tôt. J'ai donc suggéré qu'on aille faire un tour au Berger Blanc, pour voir si elle ne s'y trouverait pas.

Une fois sur place, en scrutant du regard les cages des nouveaux arrivants, on a rapidement constaté qu'il n'y avait pas de Maxou. Que des chats beaucoup plus jeunes, qui miaulaient pour qu'on les adopte.

À travers cette cacophonie féline, on a entendu un cri étrange, à mi-chemin entre le cri d'une corneille et celui d'un mouton. En cherchant l'origine de ce son, pour voir quel animal bizarre s'était fait passer pour un chat, on a vu que ce miaulement ridiculement drôle provenait d'un chat d'apparence tout à fait normale. Rassurés, nous avons quitté les lieux.

Pour moi, le premier critère d'adoption d'un animal, c'est qu'il soit drôle. Par exemple, si j'adoptais un chien, ce serait à coup sûr un chien saucisse. Dans la semaine qui a suivi, j'ai donc repensé à ce chat qui ne savait pas miauler et j'ai songé à l'adopter puisque, comme lui, je suis un mésadapté de ma race.

Quand ma co-animatrice m'a informé qu'elle voulait retourner au Berger Blanc, une semaine après notre première visite, je me suis donc offert pour y aller avec elle, en ajoutant que si le chat aux sons infâmes était encore là, je l'adopterais peut-être. Mais il n'était pas là. Et comme il n'était pas particulièrement joli, et qu'il avait un cri repoussant, il n'avait probablement pas été adopté. Il était sans doute parti en voyage en Euthanasie.

Mais l'idée d'avoir un chat avait fait son chemin dans ma tête. Alors j'ai regardé les chats disponibles, qui savaient tous miauler, malheureusement, et j'ai arrêté mon choix sur un chaton de deux mois et demi, beige et blanc, mâle, aux yeux verts comme moi et qui était né autour du 6 mai dernier, le jour de ma demi-fête. 120$ plus tard, j'avais mon premier animal de compagnie à moi tout seul. Et j'ai nommé Jofride.

Un milliard de secondes

Je viens d'atteindre, aujourd'hui, l'âge vénérable d'un milliard de secondes. Et je vais en profiter, car les chances que je me rende au deuxième milliard sont plutôt minces.

Les métaux, j'en ai rien acier

Voici un mauvais poème contenant, dans l'ordre, les mots "étain", "bronze", "opale", "titane", "soufre", "fer", "nickel", "zircon", "chrome", "plomb", "diamant", "laiton", "émeraude", "charbon", "rubis", "métal", "argent", "or", "zinc", "mercure", "carbone", "fonte", "cobalt", "graphite", "saphire" et "cuivre":


Dans la mine 211
Le soleil est éteint
Impossible que je bronze
Ô pâle est donc mon teint
D’un ti tan, j’ai besoin

On rush entre les pierres
On souffre, mais pour quoi faire?
Fini! Quel loisir con!
Des Croc-Magnons d’aplomb
On s’dit amants, l’est-on?

J’aime rôder en char, bon
Dans quelques rues bidons
Je m’étale de l’argent
Or, je suis inconscient
Quand le mercure descend

Car bonne est la fonte encore
Mexico, Baltimore
Le gras fitte sur mon corps
Comme ça, firent les porcs
Sur le cul, ivre mort

Bureaucrap

Quand je me retrouve à pieds dans de petites rues, la nuit, j'ai peur de me faire attaquer. Normal, ça m'est déjà arrivé. Mais, ce qui est bizarre, c'est que je ne crains aucunement d'être blessé ou même tué. Ni même de me faire dérober mon argent.

Ma peur vient du fait que si je me fais voler mon porte-feuilles, je devrai annuler mes cartes et m'en faire refaire des nouvelles. Voilà à quel point je déteste la bureaucratie. Ça me fait plus peur que la mort.

Je me sens BIG

J'ai placé sur YouTube, il y a deux mois, ma performance de janvier dernier à la radio de Radio-Canada. Et voilà que La Société Radio-Canada l'a fait retirer du célèbre site, pour infraction au droit d'auteur, alors qu'on ne pouvait y entendre que ma voix dans un texte 100% de mon cru.

Ça me donne un sentiment d'importance de voir un diffuseur se disputer les droits sur ma création. D'autant plus que ça fera bientôt un an que la compilation de mes meilleurs gags aux Justiciers Masqués est sur YouTube et que ça ne semble déranger personne, même si elle a été vue plus de 14,000 fois. Contre 46 visionnements pour ma performance à Radio-Canada.

Dans les dents

L'an dernier, je me suis fait arranger les dents au grand complet. Comme les coûts de ces réparations équivalaient à environ 75% de mon salaire annuel, j'ai demandé à ma dentiste qu'elle prélève 300$ par mois sur ma carte de crédit, et elle a accepté. Cette entente faisait mon affaire, d'autant plus que le bureau de ma dentiste semble avoir égaré mon dossier et carrément oublié de me charger quoi que ce soit depuis.

Sauf que là, ils viennent de s'en rendre compte, maintenant que je suis plus pauvre que jamais, avec ladite carte bien loadée et environ 100$ dans mon compte de banque. D'oh!

Sciurophobie

Je fais mon coming out aujourd'hui: j'ai peur des écureuils. À chaque fois qu'on marche sur un trottoir, dans mon coin, on doit passer entre les bâtisses et les arbres. Et, dans chaque arbre et sur le terrain de chaque bâtisse, il semble y avoir au moins un ou deux écureuils. Et comme il n'y a rien qui bouge plus nerveusement qu'un écureuil, j'ai toujours l'impression que l'un d'entre eux va me sauter dessus et m'attaquer.

J'ai peur de l'avion aussi. Si je croise un écureuil dans un avion ou un écureuil volant, je suis mort.

Le hasard fait bien les choses

Finalement, je n'aurai pas à faire un numéro sur scène après avoir participé au marathon, tel qu'initialement prévu. Le spectacle a été déplacé au 31 janvier 2010. J'ai sûrement pas le droit de vous dire pourquoi, mais compte tenu de l'impopularité de mon blogue, je vais vous le dire quand même: un éditeur a l'intention de publier sous forme de livre-CD le cabaret présenté l'hiver dernier à Radio-Canada. Et le lancement se ferait le 31 janvier 2010. Voilà. Espérons que ça se concrétise.

Pas inintéressant

Dans le cadre de mon émission de radio hebdomadaire, en particulier dans les descriptions d'artistes, je retrouve souvent les mots "novateur" et "innovateur". Ces deux mots semblaient interchangeables, mais puisqu'ils existaient tous les deux, il devait bien y avoir une petite distinction entre les deux...

J'ai donc cherché dans mon dictionnaire, pour me rendre compte que les deux mots avaient exactement la même définition: "qui innove". Alors qu'en temps normal, quand on ajoute "in" devant un mot, il prend le sens contraire: compétent-incompétent, dépendant-indépendant, secte-insecte. Bon, O.K., ça marche pas tout le temps. De toute façon, c'est quoi un "terview"?

"Sans le bonheur, t'es pas heureux!"

De par ma condition, il m'est impossible d'atteindre le bonheur dans les circonstances normales de la vie. En 31 ans d'existence, j'ai trouvé trois façons d'être heureux:

1 - Dans mes rêves
2 - Dans mes fantasmes
3 - Quand je suis soûl

Ce sont les seules occasions où je peux ressentir des émotions et, par conséquent, me sentir vivant. Pas étonnant que mes trois activités principales / préférées soient :

1 - Dormir
2 - Rêvasser
3 - Boire

Hebdomadairement, mon travail m'occupe pour environ 6 heures, ce qui me laisse 162 heures de temps libre par semaine. Mais, malheureusement, il semble impossible de passer autant de temps à dormir, rêvasser ou boire. Et, croyez-moi, j'ai essayé.

"La vie c'est court mais c'est long des p'tits boutes." - Dédé Fortin

Je pense que je fais du Benjamin Button

La semaine dernière, en achetant des bouteilles de vin à l'épicerie, comme je le fais à toutes les semaines, l'échange suivant a eu lieu:

Caissier: "As-tu tes cartes?"
Moi: "Es-tu sérieux?"
Caissier: "Oui, t'as l'air jeune pas mal..."
Moi: "J'ai 31 ans."

Je pense que je vieillis à l'envers. Même quand j'étais mineur, je me faisais pas carter. J'ai toujours passé pour beaucoup plus vieux que j'étais. Au primaire, j'avais une enseignante qui me surnommait "le vieux sage". Et c'est pas parce que j'avais doublé, j'avais le même âge que les autres. Et maintenant que je n'ai pratiquement plus de cheveux et qu'il y a des poils blancs dans ma barbe, je passe pour un adolescent et je suis considéré immature...

Ça pourrait expliquer aussi pourquoi je ressemble de plus en plus à Brad Pitt.

Les Gros Dimanches

Le spectacle "Narrateurs Atypiques pour un Siècle Hystérique" ayant remporté un franc succès, il a été choisi pour lancer la prochaine saison des Dimanches du Conte, qui ont maintenant lieu au Cabaret du Roy. J'ai donc accepté d'y refaire mon numéro le 13 septembre prochain. Pour ensuite réaliser que je m'étais engagé à faire le Marathon de Montréal cette année, qui se tient le même jour. Je vais donc courir un marathon le matin et faire un spectacle le soir.

J'ai seulement deux activités prévues en 2009 et elles tombent la même journée. C'est quoi les chances?

Comment mettre fin à une conversation

Exemple réel, seuls les noms ont été changés.

Gars: Moi j'suis bélier, pis ma blonde est taureau, fait qu'imagine!

Moi: Mais pire qu'un bélier ou un taureau... c'est quelqu'un qui croit à l'astrologie.

Fauteux, Bruno, Buissière, Leewarden

Recevoir une lettre d'avocats, ça fait peur. C'est ce que j'ai vécu hier. Pendant que mes doigts se dépêchent d'ouvrir l'enveloppe, mon cerveau analyse les possibilités: Peut-on être poursuivi pour ne pas avoir dénoncé publiquement le Bye Bye? Est-ce que Mike Ward pourrait me traîner en cour pour diffamation? Est-ce ma main droite qui a décidé de "briser le silence"?

Non. FBBL, c'est même pas des avocats, c'est des comptables. Dans l'enveloppe, je trouve un bulletin de vote pour "la Soirée des Jutra". Je suis membre du syndicat des auteurs, alors je suis appelé à voter pour le film ayant le meilleur scénario. Tu parles d'une affaire. C'est écrit que "Voter dans une catégorie sans avoir vu tous les films équivaudrait à une injustice envers les finalistes". Sur 31 films, j'en ai vu deux: Le Déserteur et Babine. Et deux films québécois dans la même année, c'est un record pour moi.

Mais, y'a une chose qu'on peut juger sans avoir vu les films, et c'est les titres. Alors, voici le grand gagnant dans la catégorie du pire titre de film: "Papa à la Chasse aux Lagopèdes". Après ça, on se demande pourquoi les assistances baissent pour les films québécois. Pourquoi pas appeler ça "دیلینده بیر ده‌یرلی مرجع یاراداق. هله", pour être sûr que personne y aille?