Félix

Au moment de mon embauche, quand j'ai décroché un prestigieux poste de commis de nuit dans un dépanneur, il y a plusieurs années, la gérante m'a demandé qui elle devrait contacter quand j'allais me faire poignarder (elle ne l'a pas dit comme ça, mais c'est ça que ça voulait dire). J'ai répondu "Mon père, Félix". Étonnée, elle a répliqué "Félix!?! C'est un nom de jeune, me semble...". J'ai su plus tard qu'elle avait elle-même un jeune garçon qui s'appelait comme ça.

C'est sa fête, aujourd'hui, mon père. 62 ans. Et il s'appelle bel et bien Félix. C'est vrai que c'est peu commun pour un homme de son âge. Il doit souvent répéter son prénom, en ajoutant "... comme Félix Leclerc", sans quoi les gens assument qu'il s'appelle Philippe, un prénom plus approprié pour un sexagénaire. Le pire, c'est qu'il a été baptisé ainsi en l'honneur de son arrière-grand-père, qui portait ce "nom de jeune" à l'époque d'Abraham Lincoln.

Je pense que mon père est un homme heureux. D'ailleurs, Félix, c'est "heureux" en latin. Dany, par contre, est un diminutif de Daniel, qui veut dire "Jugement de Dieu" ou "Dieu est mon juge". Pas l'idéal pour un athée. Mais, au moins, je n'ai pas été nommé en l'honneur de mon arrière-grand-père, sinon ce blogue s'appellerait "L'autre Napoléon".